jeudi 21 août 2008

Ausangate

On rentre sur Cusco. Deux jours de repos et on remet ca. On part à pied pour les ruines de Choquequirao.
Avant de retourner à la civilisation, observons cette paysanne manier cet outil d'un autre age. Une main sur le manche et le pied sur un autre pour aider à découper les briques.






On pense que ce piaf est un aigle, si vous avez un bon bouquin d'ornitho sous la main, merci de nous tenir au courant. Il a la queue blanche et noire.




Un pic, nous indique du bec un raccourci pour Tinki. Sympa, mais on finit quand meme sur une piste poussiéreuse jusqu'au village.





C'est ensuite, une longue resdescente vers la vallée et vers Tinki; avec le glacier dans le dos.




Une jeune foulque se maquille dans ce beau miroir avant de partir au boulot ! Nous, c'est pas encore aujourd'hui qu'on va aller travailler !!!



Au petit matin, rebelotte, crottes de mulets ... On profite une dernière fois du glacier et des paysages, au soleil, sur le bord du lac.



On campe à coté de la laguna Comercocha à 1 heure de celle-ci. Le réchaud ne veut toujours rien savoir. Mettons en pratique le cours de ce matin, il faut absolument qu'on mange et qu'on boive quelque chose de chaud. On va chercher des crottes de mulets, des pierres et avec le vent pour attiser tout ca, on se fait 2 tournées de pâtes et un bon maté de coca.
Cette nuit, il fait plus chaud, seulement -10, on est plus qu'à 4600 m !



Dans la redescente, la laguna Cayacocha; lagune aux deux couleurs. C'est beau, hein ?


On décolle vers 10h00, un nouveau col nous attend, 5100 m. Il fait super froid, le soleil n'arrive à percer les nuages. Pour une fois, on est content de porter le bébé de 15 kgs qu'on a dans le dos, ca réchauffe. Paysages désertiques : des pierres, des pierres et encore des pierres. Le chien doit avoir froid, il descend au moins 1000 mètres de collines pour aller faire la course avec un groupe de vigognes. Il est fou ce chien !
Après ce petit "cours" sur la vie haut perché, on s'attaque au petit-dèj. Fastidieux. Le réchaud refait des siennes; il ne doit vraiment pas aimer l'altitude. Ca nous irrite un peu, c'est quand meme du matos de haute montagne ! Bref.




Campons à coté de chez Carlos, alpacero forcément. Pouvons enfin manger la pêche de la veille. Truites au beurre et à l'origan, partageons ce festin avec Oso. Nuit fraiche, -15 au bas mot, on dort à 4800 m. La chevelure épaisse de Paulo colle à la tente, recouverte de glace intérieur extérieur.
Carlos nous explique au petit matin à quoi sert cet étrange outil. Ils l'utilisent ici pour découper des sortes de briques de terre dans le sol. Après séchage, ils s'en servent pour la construction de sortes de silos. Ici, pas un arbre donc pas de bois de chauffage. Le seul combustible, c'est les déjections d'ânes et surtout d'alpacas. Déjections qu'ils font sécher et qu'ils protègent ensuite des pluies d'été dans les fameux silos.






A 3 heures de marche du col et une vallée plus loin; arrivons dans cette vallée haut perchée. Plus qu'une heure de marche et on va pouvoir piquer la tente.



là-haut, vue sur la vallée aux couleurs quasi-martiennes.
Le chien ne craint visiblement pas le froid, il fait -15 la nuit. La journée, comme s'il en avait pas eu assez, il aime à se rouler dans la neige. Oso, ca lui va vraiment bien !



Des alpacas gardent le sommet et la porte du ciel. Pas besoin de négocier l'entrée, Oso, notre fidèle compagnon, se charge de disperser tout le monde.
Une fois installés (en plein vent, pas le choix !), Paulo va à la pêche. Il revient avec 6 belles truites. Ca changera un peu des pâtes lyophilisées. Pas de chance, notre réchaud (pour alpinistes) refuse de fonctionner. Altitude ? Panne ? Froid ? Paulo passe une bonne heure à tenter de le réparer, sans succès. Le froid nous envoie au lit le ventre vide, impossible de bidouiller avec ce vent glacial. On verra ca demain ...
Le lendemain, il remarche comme par magie après 2-3 bidouilles. Petit-dèj, feuilles de coca et on s'attaque au gros morceau : col de Palomani à 5200 m. Ca grimpe dur, Julie laisse son petit-dèj en chemin, Paulo sourire aux lèvres monte la pente comme un cabrit (chèvre des antilles) !



On passe le col sans encombre, Julie a quand meme l'impression de respirer dans une paille !
C'est ensuite la redescente vers une autre vallée et la lagune. Une fois en bas, on tombe sur cette source qui alimente toute la plaine; on camperait bien à coté mais c'est un peu spongieux, dommage, là au moins on était à l'abri du vent.


Maison typique du coin, il faut être né ici pour pouvoir rester. Le confort est une notion qui n'existe pas. La plupart des bicoques n'ont pas de porte. Comme ils disent ici, ya pas de voleurs ! Et le froid ? on a l'habitude nous disent-ils avec un grand sourire, en sandales pieds nus par -5 degrés alors qu'on sent meme plus nos pieds.


Une fois bien réchauffés par notre super petit-déjeuner lyophilisé, on reprend la route vers la laguna Ausangatecocha. Un nouveau col nous attend, à 4900 m cette fois-ci. Beaucoup d'alpacas en semi-liberté paturent dans les plaines. Le soir, les alpaceros les rentrent dans des corails en pierres sèches. Ici, en exclusivité, les couleurs tendances automne-hiver 2008 !




On pique la tente ici ce soir. A18h30, on est au lit, il fait un froid glacial. On entend au loin le bruit des avalanches, de vrais grondement de tonnerre. Au petit matin, Paulo va taquiner la truite. Pas longtemps, le nylon gèle dans les anneaux, il fait pas loin de -10 degrés, le soleil est encore caché derrière le glacier. La pêche, on verra ca un autre jour ...



Il nous faut maintenant redescendre vers la laguna Vinococha où on compte camper ce soir. On a la chance de susprendre un groupe de vigognes, des cousines sauvages des lamas. On se demande bien ce qu'elles peuvent brouter dans ces éboulements rocheux. Elles émettent des petits cris aigus pour se prévenir les unes les autres de notre présence. Passons un bon moment à les observer.



A l'est, le glacier de l'Ausangate et à l'ouest, des sortes de dunes de sable; de vrais tableaux. Laissons libre cours à notre imagination, chacun y va de sa petite hallucination. On manque un peu d'oxygène, il y a peut être de ca aussi !




2 heures plus tard, on passe le col d'Arapa à 4800 m. Changement de décor, c'est très sec, mais les dégradés de couleurs sont splendides.


Peu après les sources, on tombe sur des petites colonies de cactus poilus; c'est plutot insolite de trouver des cactus à plus de 4000 m, et en fleur s'il vous plait !



Vers midi, on arrive à Japata, un petit "village" si on peut appeler ca comme ca. Plutot un hameau, constitué de 5-6 bicoques en pierres sèches et toit de chaume. Rustique. Les villageois vivent ici de l'élevage d'alpacas et de moutons pour la laine et la viande. Ils font du troc avec les communautés qui produisent plus bas, patates, maïs, ...
On s'arrête prendre un bain dans les sources chaudes qui jaillissent dans cette petite plaine. Plutot agréable comme pause pique-nique et surtout inattendu. On ne traine pas trop, encore 5h00 de marche nous attendent.



On arrête pas de voir des oiseaux différents. Des sortes de bécassines (meme cri, meme vol mais bec plus petit), des canards, des aigles, ...Ici, on pense que c'est des oies sauvages vu leur taille et les vols en formation.



A 2h30 de Tinki, croisons cette vieille dame. On est étonnés de trouver quelqu'un ici. Il n'y a pas un chat à des kms à la ronde. Elle file la laine en marchant, elles font toutes ca ici. Si on faisait la meme chose, on filerait pas grand chose ou alors on se casserait la margoulette!!
Ici, les gens des campagnes portent tous des sandales en pneu; détail qui a son importance, vous comprendrez pourquoi plus tard ...


Rapidement, on lui donne un nom. Il s'appelera "OSO", ours en espagnol; tout simplement parcequ'il écarte de notre chemin 3 chiens tout seul, sans avoir l'air de forcer.



Passons une nuit à Tinki (3800m), petit village au pied de l'Ausangate. Dernières courses et préparatifs, le lendemain à 7h00, c'est parti, on attaque l'ascension. En quittant le village, Paulo caresse un chien, le courant passe entre eux; le chien décide de nous suivre.

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