mardi 26 août 2008

Choquequirao

De retour à la civilisation, on mange pour 4; plus de 70 kms en 2 jours 1/2 ça creuse !
Deux jours de repos et cap sur la Bolivie toute proche.



On a la chance de tomber sur un taxi qui remonte à vide sur Cusco. Il est content de nous trouver et nous aussi. Sur la route, des gamins jouent avec la mort, accrochés à ce poids lourd.


Sur le chemin encore des petites fleurs. On dort comme prévu à Chiquisca. Courte nuit, on se lève à 5h00 pour marcher à la fraiche. Plus que 19 kms dont la moitié en montée. A 11h00, on est à Cachora. Gloire bien inutile, les gens du village n'ont jamais vu ça. Il faut entre 4 et 5 jours aux gringos pour faire l'aller et retour. Après un repas bien mérité, on repart sur Cusco.




On s'arrête à Santa Rosa, "hameau étape" entre Marampata et Chiquisca. Aujourd'hui c'est dimanche, José, qui normallement s'occupe de l'entretien des sentiers, presse de la canne à l'ancienne. Son collègue court après la mule pour la faire avancer.


Sur les conseils de cette belle plante, on met les voiles dans l'autre sens, le soleil est déjà bien haut, il commence à faire bien chaud. On compte camper à Chiquisca ce soir, une petite quinzaine de kms nous attendent.



De la place centrale, un petit sentier mène à des terrasses ornées de lamas, situées sur l'autre versant. On ne l'a su qu'après mais on aurait pu y jouer les "chercheurs d'or". Avant l'arrivée des espagnols, les incas jetèrent tous les objets de valeur (en or ...) dans le vide pour éviter qu'ils ne tombent entre les mains de l'ennemi. Apparemment, il y a peu encore, certains ont mis la main sur quelques pièces du magot.

Du coup, on s'attarde plus sur les fleurs et les jolis p'tits oiseaux. On passe tout de même 4 heures à crapahuter ici et là.


Les ruines sont perchées à plus de 3000 m. Tout en bas, des terrasses de culture avec un système d'irrigation très au point. Et tout en haut, la place centrale, le centre administratif et bien sûr, la zone dédiée aux cérémonies religieuses. C'est bête à dire mais on est pas emballés !
Les ruines sont bien retapées, un peu trop à notre goût.


Le lendemain matin, grasse matinée jusqu'à 7h00. On met ensuite les voiles pour le site qui n'est plus qu'à 3 kms de là. Une heure de marche pas plus. La végétation change une fois qu'on est sur l'autre versant. Ca devient plus humide, beaucoup d'oiseaux colorés, de fleurs, ...



Au bout de 10 heures de marche et à quelques 30 kms de Cachora, on arrive enfin au petit village de Marampata. 3 baraques en terre pas plus. Tente, bouffe, dodo, pas plus.


Visiblement certaines plantes se sont bien adaptées. Malgré la sécheresse, cette plante est d'un vert éclatant.
Peu après l'oasis, on s'arrête pique-niquer au niveau du pont. C'est ensuite 4h30 de montée qui nous attendent. On a l'occasion d'expérimenter le pouvoir du mental sur le musculaire. C'est bel et bien notre mental qui nous permet d'arriver en haut.


Tous les prétextes sont bons pour se cacher à l'ombre. A 11h00, on s'arrête à Chiquisca, oasis au milieu du désert (km 19). On se rafraichit et prenons le temps de déguster un corosol (guanabana). C'est un fruit à chair blanche, sucrée, très raffraichissant. Celui-ci fait plus d'un kilo, il nous faudra que 10 min pour en venir à bout. Une source nous permet de remplir nos gourdes et c'est reparti.



On retrouve les épiphytes laissées en Amérique centrale. Les fleurs sont différentes. Si vous regardez bien, il y a un nid de guêpes accroché à la branche. On voit également quelques essaims cachés dans les racines des arbres.



Une petite idée du relief. On arrive de la gauche, il nous faudra ensuite traverser la rivière pour remonter tout en haut du coté droit. 1500 m de dénivelé en perspective, la pente aucune idée, la seule chose qu'on sait c'est que ça a l'air de grimper !



A part quelques rares oiseaux et quelques magnifiques papillons, on est pas très fans de l'endroit, des paysages, de la végétation. C'est vraiment trop sec à notre gout, presque hostile.

Au bout de 10 kms plutot tranquilles, entamons une descente vertigineuse vers le rio Apurimac. On ne s'était pas trompés, une fois les brumes matinales estompées, il fait un soleil de plomb. Même le vent est brulant ! Comme d'hab', c'est nous qui faisons les mules, on est bien chargés.


Avant de partir pour Choquequirao, passons une nuit à Cachora, petit village accueillant. On part vers 6h30 du matin avec pour objectif d'arriver au plus près des ruines. Plus de 32 kms nous séparent du site. Les premières heures se font dans la brume, c'est pas plus mal, ça a l'air très sec. Il risque de faire chaud.

jeudi 21 août 2008

Ausangate

On rentre sur Cusco. Deux jours de repos et on remet ca. On part à pied pour les ruines de Choquequirao.
Avant de retourner à la civilisation, observons cette paysanne manier cet outil d'un autre age. Une main sur le manche et le pied sur un autre pour aider à découper les briques.






On pense que ce piaf est un aigle, si vous avez un bon bouquin d'ornitho sous la main, merci de nous tenir au courant. Il a la queue blanche et noire.




Un pic, nous indique du bec un raccourci pour Tinki. Sympa, mais on finit quand meme sur une piste poussiéreuse jusqu'au village.





C'est ensuite, une longue resdescente vers la vallée et vers Tinki; avec le glacier dans le dos.




Une jeune foulque se maquille dans ce beau miroir avant de partir au boulot ! Nous, c'est pas encore aujourd'hui qu'on va aller travailler !!!



Au petit matin, rebelotte, crottes de mulets ... On profite une dernière fois du glacier et des paysages, au soleil, sur le bord du lac.



On campe à coté de la laguna Comercocha à 1 heure de celle-ci. Le réchaud ne veut toujours rien savoir. Mettons en pratique le cours de ce matin, il faut absolument qu'on mange et qu'on boive quelque chose de chaud. On va chercher des crottes de mulets, des pierres et avec le vent pour attiser tout ca, on se fait 2 tournées de pâtes et un bon maté de coca.
Cette nuit, il fait plus chaud, seulement -10, on est plus qu'à 4600 m !



Dans la redescente, la laguna Cayacocha; lagune aux deux couleurs. C'est beau, hein ?


On décolle vers 10h00, un nouveau col nous attend, 5100 m. Il fait super froid, le soleil n'arrive à percer les nuages. Pour une fois, on est content de porter le bébé de 15 kgs qu'on a dans le dos, ca réchauffe. Paysages désertiques : des pierres, des pierres et encore des pierres. Le chien doit avoir froid, il descend au moins 1000 mètres de collines pour aller faire la course avec un groupe de vigognes. Il est fou ce chien !
Après ce petit "cours" sur la vie haut perché, on s'attaque au petit-dèj. Fastidieux. Le réchaud refait des siennes; il ne doit vraiment pas aimer l'altitude. Ca nous irrite un peu, c'est quand meme du matos de haute montagne ! Bref.




Campons à coté de chez Carlos, alpacero forcément. Pouvons enfin manger la pêche de la veille. Truites au beurre et à l'origan, partageons ce festin avec Oso. Nuit fraiche, -15 au bas mot, on dort à 4800 m. La chevelure épaisse de Paulo colle à la tente, recouverte de glace intérieur extérieur.
Carlos nous explique au petit matin à quoi sert cet étrange outil. Ils l'utilisent ici pour découper des sortes de briques de terre dans le sol. Après séchage, ils s'en servent pour la construction de sortes de silos. Ici, pas un arbre donc pas de bois de chauffage. Le seul combustible, c'est les déjections d'ânes et surtout d'alpacas. Déjections qu'ils font sécher et qu'ils protègent ensuite des pluies d'été dans les fameux silos.






A 3 heures de marche du col et une vallée plus loin; arrivons dans cette vallée haut perchée. Plus qu'une heure de marche et on va pouvoir piquer la tente.



là-haut, vue sur la vallée aux couleurs quasi-martiennes.
Le chien ne craint visiblement pas le froid, il fait -15 la nuit. La journée, comme s'il en avait pas eu assez, il aime à se rouler dans la neige. Oso, ca lui va vraiment bien !



Des alpacas gardent le sommet et la porte du ciel. Pas besoin de négocier l'entrée, Oso, notre fidèle compagnon, se charge de disperser tout le monde.
Une fois installés (en plein vent, pas le choix !), Paulo va à la pêche. Il revient avec 6 belles truites. Ca changera un peu des pâtes lyophilisées. Pas de chance, notre réchaud (pour alpinistes) refuse de fonctionner. Altitude ? Panne ? Froid ? Paulo passe une bonne heure à tenter de le réparer, sans succès. Le froid nous envoie au lit le ventre vide, impossible de bidouiller avec ce vent glacial. On verra ca demain ...
Le lendemain, il remarche comme par magie après 2-3 bidouilles. Petit-dèj, feuilles de coca et on s'attaque au gros morceau : col de Palomani à 5200 m. Ca grimpe dur, Julie laisse son petit-dèj en chemin, Paulo sourire aux lèvres monte la pente comme un cabrit (chèvre des antilles) !



On passe le col sans encombre, Julie a quand meme l'impression de respirer dans une paille !
C'est ensuite la redescente vers une autre vallée et la lagune. Une fois en bas, on tombe sur cette source qui alimente toute la plaine; on camperait bien à coté mais c'est un peu spongieux, dommage, là au moins on était à l'abri du vent.


Maison typique du coin, il faut être né ici pour pouvoir rester. Le confort est une notion qui n'existe pas. La plupart des bicoques n'ont pas de porte. Comme ils disent ici, ya pas de voleurs ! Et le froid ? on a l'habitude nous disent-ils avec un grand sourire, en sandales pieds nus par -5 degrés alors qu'on sent meme plus nos pieds.


Une fois bien réchauffés par notre super petit-déjeuner lyophilisé, on reprend la route vers la laguna Ausangatecocha. Un nouveau col nous attend, à 4900 m cette fois-ci. Beaucoup d'alpacas en semi-liberté paturent dans les plaines. Le soir, les alpaceros les rentrent dans des corails en pierres sèches. Ici, en exclusivité, les couleurs tendances automne-hiver 2008 !




On pique la tente ici ce soir. A18h30, on est au lit, il fait un froid glacial. On entend au loin le bruit des avalanches, de vrais grondement de tonnerre. Au petit matin, Paulo va taquiner la truite. Pas longtemps, le nylon gèle dans les anneaux, il fait pas loin de -10 degrés, le soleil est encore caché derrière le glacier. La pêche, on verra ca un autre jour ...



Il nous faut maintenant redescendre vers la laguna Vinococha où on compte camper ce soir. On a la chance de susprendre un groupe de vigognes, des cousines sauvages des lamas. On se demande bien ce qu'elles peuvent brouter dans ces éboulements rocheux. Elles émettent des petits cris aigus pour se prévenir les unes les autres de notre présence. Passons un bon moment à les observer.



A l'est, le glacier de l'Ausangate et à l'ouest, des sortes de dunes de sable; de vrais tableaux. Laissons libre cours à notre imagination, chacun y va de sa petite hallucination. On manque un peu d'oxygène, il y a peut être de ca aussi !




2 heures plus tard, on passe le col d'Arapa à 4800 m. Changement de décor, c'est très sec, mais les dégradés de couleurs sont splendides.


Peu après les sources, on tombe sur des petites colonies de cactus poilus; c'est plutot insolite de trouver des cactus à plus de 4000 m, et en fleur s'il vous plait !



Vers midi, on arrive à Japata, un petit "village" si on peut appeler ca comme ca. Plutot un hameau, constitué de 5-6 bicoques en pierres sèches et toit de chaume. Rustique. Les villageois vivent ici de l'élevage d'alpacas et de moutons pour la laine et la viande. Ils font du troc avec les communautés qui produisent plus bas, patates, maïs, ...
On s'arrête prendre un bain dans les sources chaudes qui jaillissent dans cette petite plaine. Plutot agréable comme pause pique-nique et surtout inattendu. On ne traine pas trop, encore 5h00 de marche nous attendent.



On arrête pas de voir des oiseaux différents. Des sortes de bécassines (meme cri, meme vol mais bec plus petit), des canards, des aigles, ...Ici, on pense que c'est des oies sauvages vu leur taille et les vols en formation.



A 2h30 de Tinki, croisons cette vieille dame. On est étonnés de trouver quelqu'un ici. Il n'y a pas un chat à des kms à la ronde. Elle file la laine en marchant, elles font toutes ca ici. Si on faisait la meme chose, on filerait pas grand chose ou alors on se casserait la margoulette!!
Ici, les gens des campagnes portent tous des sandales en pneu; détail qui a son importance, vous comprendrez pourquoi plus tard ...


Rapidement, on lui donne un nom. Il s'appelera "OSO", ours en espagnol; tout simplement parcequ'il écarte de notre chemin 3 chiens tout seul, sans avoir l'air de forcer.



Passons une nuit à Tinki (3800m), petit village au pied de l'Ausangate. Dernières courses et préparatifs, le lendemain à 7h00, c'est parti, on attaque l'ascension. En quittant le village, Paulo caresse un chien, le courant passe entre eux; le chien décide de nous suivre.

mercredi 13 août 2008

Ollantaytambo

On rentre sur Cusco. Pas mal de préparatifs nous attendent; on part marcher 5-6 jours autour de l'Ausangate, montagne sacrée inca.


Perchée sur la colline, sans doute une maison d'habitation mi-pierre mi-terre; comme dirait l'autre, faut mieux pas oublier le pain !









En contrebas des constructions, on tombe sur cette niche taillée dans une pierre bleue. Elle a l'air importante; avantage ou inconvénient, il n'y a personne à écouter, on n'en saura pas plus.



En haut de la colline, un temple, des niches à offrandes mais surtout une vue magnifique sur les montagnes d'en face et la vallée. Il est super tôt, 6h30, belles couleurs.



Le lendemain, on se lève à 4h00 du matin pour aller voir le site d'Ollantaytambo. C'est à 2-3 heures de route de Cusco, mais il fait noir, alors cette fois, on voit pas grand chose.
Après Saqsaywaman, c'est sympa mais bon ... on est pas trop impressionés.

Là aussi, travail de titans, terrasses et pierres taillées parfaitement assemblées.

Saqsaywaman

Après, on rentre à la maison, on a eu notre dose de rêves et de mystères pour aujourd'hui.

On va ensuite a Qenqo, temple dédié à la Pachamama à 300 mètres trajet volaille de Saqsaywaman. Tout le temple ou presque est "sous la terre ", taillé dans la roche. Sur la photo, la table des sacrifices, offrandes de lamas, alpacas et sans doute de vies humaines. Le sang coulait directement dans les entrailles de la terre. Un puit de lumière permet d'éclairer l'endroit. Le 23 septembre, la lumière dessine une silhouette de lama sur une des parois ; hommage à cet animal sacré.


Finissons notre balade dans le site dans des souterrains taillés dans la roche, pas de photos il faisait noir ! Aujourd'hui encore des Andinistes viennent y faire des offrandes à la Pachamama; y retrouvons feuilles de Coca et épis de maïs.



Un peu plus loin on tombe sur ce couple de pics, qui cherchent de quoi manger en lieu et place d'un ancien réservoir d' eau.



Derrière cette zone réservée aux élites, ils ont réalisé avec la même technique, de superbes toboggans pour les petits Incas. Plutôt drôle, ça fait pas mal aux fesses, c'est plutôt l'arrivée qui fait mal; c'est qu'on prend de la vitesse !


Une grande partie de la colline est arrondie, polie, striée. On pense d'abord à de curieuses formations géologiques, puis en écoutant un peu ce qui se dit autour de nous (ça y est il y a plein de guides et de touristes), on apprend que les incas ont fait polir la montagne en forme de coquillages; objets précieux pour eux mais aussi monnaie d'échange avec les peuples côtiers et d'Amérique centrale.


En face de la forteresse, une colline où siégeaient l'inca et ses géneraux, dans des sièges taillés à même la pierre; parfaitement lisses et rectangulaires.


Julie pose ici, histoire de vous donner une idée de la grandeur des pierres. Là, c'est pareil qu'à Tipon, on pourrait même pas glisser une feuille de papier entre deux pierres. Finalement, c'est peut être eux qui ont inventé le puzzle !




Lui, c'est l'arrière arrière..... petit cousin de l'oiseau préféré du grand Inca; Il sait sans doute quelque chose, mais il est pas plus bavard que le mouton de Chinchero.




Personne ne sait comment les Incas ont réussi à tailler, acheminer,polir et assembler ces blocs de pierre qui pèsent parfois plus de 20 tonnes. Alors, tout le monde y va de sa petite interprétation et ceci jusqu'aux théories les plus farfelues. Certains pensent que les habitants de Vénus sont venus leur donner un coup de main, pourquoi pas ! Le mystère reste entier faute d'écrits. La seule chose qu'on sait, c'est que cette forteresse a été construite aux alentours de l'an 1000 après J-C, grâce à une organisation du travail draconienne et là encore, au prix d'efforts incroyables et sans doute de vies humaines.



Premier contact avec la forteresse et ses pierres taillées gigantesques

A notre arrivée, on est seuls sur le site. Une vraie chance, c' est la haute saison touristique; dans quelques heures, le site sera bondé de monde. Alors on profite à fond de ces moments de tranquilité !

On redescend à pied vers les autres sites, plus en contrebas. La lumière est superbe, les brumes matinales commencent à s'estomper. Vue imprenable sur la vallée, on est content de s'être levés aussi tôt. Il est 7 heures quand on entame la redescente vers Saqsaywaman.

On commence par le temple de la fertilité, Tambomachay. Il fait plutôt frais, on est à 3800 mètres d'altitude. Un antique rituel consiste à offrir, à trois reprises, de l'eau à la terre mère (Pachamama), puis boire trois gorgées de cette eau (gelée). Ensuite, il faut poser une main sur chaque pierre se trouvant aux extrémités de la fontaine et le front sur la pierre centrale. Le rituel est effectué avec l'eau de la fontaine de gauche pour les femmes et sur celle de droite pour les hommes; rituel important, gage de fertilité pour les Incas.

Le lendemain, on reste sur Cusco. On se lève aux aurores pour aller visiter des sites incas, tous à moins de 10 km du centre ville.